Les dernières années ont été particulièrement difficiles pour le secteur de la construction. 2023 s’annonce passionnante. Cinq experts se penchent sur l’avenir et révèlent ce que cette année réserve aux constructeurs et aux rénovateurs.
Expert 1 : « Les prix des matériaux de construction vont continuer d’augmenter »
Niko Demeester, expert et PDG de la Confédération Construction Embuild : « Pour 2023, nous constatons une double tendance. Le prix des matériaux de construction dont la production nécessite beaucoup d’énergie, tels que la brique, le ciment ou les tuiles, augmentera encore en 2023. Les matériaux de construction qui dépendent des prix des matières premières se stabiliseront et peut-être, ici et là, baisseront légèrement. Dans tous les cas, les prix des matériaux de construction n’atteindront plus jamais le niveau de 2019 ou de début 2020. »
La Confédération Construction Embuild a suivi de près les chiffres des dernières années et listé les augmentations de prix depuis 2021 de plusieurs matériaux de construction courants.
Vue d’ensemble :
- Sable et gravier : +24%
- Brique : +10%
- Produits en ciment : +35%
- Acier : +3,5 %
- Bois : -17.5%
- Non ferreux : -12%
- Matériel électrique : +10%
- Verre : +21%
- Pierre naturelle : +8%
- Isolation PIR et PUR : stable
Expert 2 : « Les constructeurs et les rénovateurs restent incertains »
Moins de permis de construire ont été délivrés en 2022. C’est ce qui ressort des données de Statbel, l’office belge de statistique. En Flandre, 8% de bâtiments résidentiels en moins ont été autorisés au cours des dix premiers mois de l’année dernière par rapport à 2021. « Les constructeurs et les rénovateurs restent incertains », explique Jean-Pierre Waeytens, expert et PDG de Bouwunie. « La crise joue clairement un rôle. La hausse des matériaux de construction, les prix de l’énergie et la guerre en Ukraine l’ont accentuée. Les gens ont perdu en confiance et reportent leurs projets. »
Les entreprises de construction le remarquent également dans leurs carnets de commandes. 4 entreprises de construction sur 10 ont moins de travail qu’à la même période l’an dernier. « Les gens hésitent à démarrer leur projet de construction, à le reporter ou à l’annuler. Les sociétés de construction en ressentent les conséquences de plein fouet. Viennent ensuite d’autres entreprises de la chaîne, telles que les couvreurs, les menuisiers ou les installateurs. Nous espérons que le second semestre 2023 apportera une amélioration. L’indexation des salaires et la chute des prix de l’énergie peuvent y contribuer. Cette poussée financière supplémentaire convaincra les constructeurs et les rénovateurs au fil du temps », espère Waeytens.
Expert 3 : « La numérisation est l’avenir du secteur de la construction »
Des drones inspectant le chantier, des bulldozers équipés de GPS, qui en théorie peuvent fonctionner de manière totalement autonome, des éléments de construction en béton imprimés en 3D ... L’industrie de la construction suit forcément cette évolution. Reste à savoir si nous vivrons dans une maison imprimée en 3D d’ici quelques décennies. Mais il est clair que plusieurs entreprises de construction font déjà leurs premiers pas numériques.
C’est également le cas de l’entreprise de construction Vandenbussche qui a récemment déployé un robot sur un chantier en Flandre. Kristof Defruyt, PDG de Vandenbussche : « Il s’agit d’un robot topographique mobile ou d’une imprimante BIM (Building Information Modeling, ndlr). Ce robot peut dessiner au sol de manière autonome des détails de dessins numériques en taille réelle et avec une précision millimétrique. »
Expert 4 : « Nous produisons avec moins d’énergie et de matières premières »
Malgré la crise, les Belges restent passionnés par la pierre. Pour beaucoup, l’immobilier reste le meilleur investissement. Nous construirons et rénoverons toujours, mais forcément d’une manière différente et avec des matériaux différents. C’est le constat de l’expert en briques Vandersanden, qui lance un modèle de brique fine sur le marché.
« Nous mettons la brique au régime et la 'dématérialisons'. Nous évoluons vers une brique de 7 cm, qui présente exactement les mêmes propriétés que la brique classique de 10 cm. Pour cette version slim il faut 20 à 25% de matières premières en moins et donc moins d’énergie. En prime : la pierre est environ 10% moins chère », explique Nathali Donatz, Directrice Marketing chez Vandersanden.
Expert 5 : « Nous mettons tout en œuvre pour une construction circulaire »
Le secteur de la construction est responsable de 40% des émissions de gaz à effet de serre, comme le CO2, et de 50% de la consommation d’énergie. Dans la lutte contre le changement climatique, le choix des matériaux de construction ne fera qu’amplifier à l’avenir. Avec les techniques circulaires, le secteur de la construction se prépare déjà. Ce tournant s’applique aussi au fabricant de matériaux de construction Masterbloc, qui produit un bloc de construction circulaire qui absorbe le CO2 pendant la production et élimine et retient le CO2 de l’air. En collaboration avec l’entreprise zéro déchet Orbix, ils ont réussi à offrir une alternative à la brique de béton classique.
Dirk Van Mechelen, Manager R&D Orbix : « Avec cette technologie, nous mettons tout en œuvre pour une construction circulaire. Des dalles et briques de pavage aux tuiles et briques de parement jusqu’aux blocs de construction. Grâce à la technologie Carbstone, le CO2 agit comme liant. Cela rend le ciment superflu. Ce n’est pas sans importance, car la production de ciment est responsable d’environ 10% des émissions mondiales de CO2. De plus, les blocs sont recyclables à l’infini. Nous continuons de développer et d’étendre la technologie Carbstone. Pour que nous puissions offrir une solution rentable et respectueuse de l’environnement face à la problématique du CO2. »
