Comment, à partir d’une petite maison de rangée située dans l’agréable quartier ouvrier Rabot à Gand, créer un endroit spacieux et pratique ? Comme aucun(e) autre, l’architecte Lieselotte (38) de Ruimtezicht y est parvenu. Elle a su exploiter le moindre centimètre carré de l’habitation ouvrière typique de 4 mètres sur 8, d’une surface au sol de 32m2 et faire entrer la lumière et l’espace dans cette habitation destinée aux primo-accédants.
Avec son partenaire Joppe (35), elle a acheté cette habitation en 2014, sans tergiverser. “Nous devions quitter l’appartement que nous louions et ne pensions pas acheter directement. Mais le prix de ce bien était correct, même si je savais dès le départ qu’il faudrait y investir pas mal de travail pour sa rénovation. Au total, la rénovation aura coûté quelque 75.000 euros.” C’est contraint que le couple y a emménagé directement. C’est alors qu’on s’est prêté à un véritable jeu de puzzle : pas seulement pour composer avec l’espace pour parvenir à y vivre pendant les travaux de transformation qui auront duré 1 an et demi, mais surtout, pour donner forme concrète à ce projet, à la manière d’un puzzle. Mission réussie.
Un bon phasage
Lieselotte et Joppe ont décidé de s’installer au rez afin de pouvoir s’attaquer et isoler d’abord le grenier au deuxième étage. Les anciennes fenêtres de toit Velux ont pu être conservées et cet espace a pu accueillir la salle de bains – qui se trouvait en bas après une semaine restée inutilisable – et la chambre principale, où après l’arrivée de leur fils Raoul (6), a été construit un muret intérieur supplémentaire pour créer la petite chambre d’enfant. Le couple a alors déménagé à l’étage pour entamer les gros travaux.
“Nous sommes littéralement partis de rien. Nous avons démoli les nombreux murs intérieurs qui créaient de multiples petites pièces au rez-de-chaussée et au premier étage.” Tout comme la petite véranda grâce à laquelle la terrasse, exposée au nord-est et qui n’était jamais très chaude, a été transformée en une pièce de vie supplémentaire en été. Cette sensation d’espace est également accentuée par l’accès sans seuil vers l’extérieur et le châssis pliant à hauteur de pièce qui peut être complètement ouvert comme une façade. La principale intervention a été le remplacement de l’escalier au centre de l’habitation par un nouveau modèle large de 1,20 mètre sur le côté. “Cet escalier a été le plus gros investissement, mais il constitue littéralement le pivot de cette habitation.”
Jeu de puzzle
Sous l’escalier au rez-de-chaussée, à côté de l’entrée, se trouve maintenant un abri à vélo d’un mètre de haut seulement, mais qui offre suffisamment d’espace pour ranger vélos et vélomoteur dans une petite habitation. Le placard à la droite de l’escalier se prolonge non seulement jusque le coin salon et TV au premier étage, mais jusque la banquette avec espace de rangement. Lieselotte a opté partout pour de multiples placards pour ne perdre aucun centimètre.
Le plafond de la cuisine a été abaissé pour l’acoustique jusque la salle de bains : les techniques de la cuisine et de la salle de bains ont ainsi pu être dissimulées, mais par sa forme, ce ‘bloc’ blanc au-dessus de la cuisine crée aussi une séparation entre le séjour et la partie nuit. Le vide au premier étage produit non seulement énormément de lumière et une sensation d’espace, mais il offre aussi un contact visuel entre la cuisine et la salle à manger en bas et le séjour en haut. Ainsi, Lieselotte et Joppe peuvent continuer à bavarder gaiement tandis que l’un cuisine et que l’autre travaille ou se détend. L’escalier reliant le premier et le deuxième étage a également été positionné de manière à laisser suffisamment d’espace pour un grand dressing sous celui-ci.
Uniformité des matériaux
Là où c’était possible, Lieselotte et Joppe ont conservé les matériaux authentiques, comme le magnifique plancher en bois au premier étage. Au départ, le couple voulait enduire au badigeon le muret en briques au rez-de-chaussée, mais après un bon nettoyage, ils ont décidé de le laisser intact. Il crée un beau contraste avec le reste des matériaux. Les poutres au plafond sous le salon ont été laissées apparentes afin de renforcer le contact, mais aussi l’acoustique entre le salon et le coin repas.
“Nous avons choisi l’hévéa pour l’escalier et les placards, pas uniquement pour des raisons budgétaires, mais aussi parce qu’il s’agit d’un bois de qualité pour la menuiserie intérieure. La structure des meubles de cuisine provient du magasin Ikea, mais les portes ont été fabriquées sur mesure à partir du même bois d’hévéa, associé à du mdf blanc laqué. “L’uniformité des matériaux est importante, surtout dans une petite habitation, et crée une atmosphère paisible et une sensation d’espace.”
Le sol en mortex en bas y contribue certainement aussi. “Nous avions isolé le sol en béton sous celui-ci et ne disposions donc plus de beaucoup de hauteur de construction ; avec le mortex, 2 centimètres sont bien assez.” Dans la spacieuse salle de bains, nous nous sommes permis un peu plus d’exubérance. Les carrelages métro blancs comme base mettent très bien en évidence le bleu du mur et les nombreuses plantes, dont raffole Lieselotte. “Rien n’a été fait pour faire beau, mais parce que le moindre espace libre devait être exploité.” Form follows function.
