Le secteur de la construction subit des coups durs. Ces deux derniers mois, 442 entreprises ont déclaré faillite. C'est presque 20 % de plus par rapport au précédent record de 2018. Et ce, alors que nous sommes confrontés à de nombreux défis en matière de (re)construction. Bouwunie, l'organisation des indépendants et des PME du secteur de la construction, ne reste pas les bras croisés. Ils proposent de rendre déductible une partie des dépenses de construction.
Avantage fiscal allant jusqu'à 15 %
Avec cette proposition, Bouwunie veut donner un coup de pouce financier aux constructeurs et aux rénovateurs. Concrètement, ils souhaitent que 15 % de tous les dépenses et investissements pour la construction soient déductibles du revenu imposable. Jean-Pierre Waeytens, chef de Bouwunie : « Nous voulons rendre la construction et la rénovation plus réalisables et plus abordables. Et par abordable, nous n'entendons pas seulement la réintroduction du taux réduit de TVA de 6 % pour la démolition et la reconstruction sans restrictions. Car ce n'était certainement pas la meilleure décision du gouvernement fédéral et c'est aussi en partie la cause du malaise que nous connaissons aujourd'hui. Mais pour sortir de ce malaise, les choses doivent changer. C'est pourquoi nous proposons l'avantage fiscal. Cela permet de déduire de son revenu imposable 15 % de l'ensemble de ses dépenses de construction par an et de bénéficier ainsi d'une réduction d'impôt. À condition que les travaux soient effectués par un entrepreneur et sur la base de factures effectivement émises. » L'avantage fiscal n'est pas destiné aux bricoleurs ou aux personnes qui souhaitent embellir leur jardin ou construire une piscine. « Donc pas pour les travaux d'extension, mais cela devra être précisé une fois que la proposition aura été adoptée. »
Belges sensibles aux impôts
Toutefois, l'avantage fiscal est plafonné à 7 000 euros pour les travaux de construction ordinaires et à 9 000 euros pour les interventions énergétiques. Supposons que vous ayez un revenu imposable de 30 000 euros. Après impôts, il vous reste environ 15 000 à 20 000 euros. Si vous avez engagé des dépenses de construction d'au moins 7 000 euros, il vous restera un revenu imposable de 23 000 euros. Vous paierez alors entre 6 500 et 11 500 euros d'impôts au lieu de 10 000 à 15 000 euros. Il s'agit donc d'un avantage de 3 500 euros. « L'économie réside donc dans le fait de payer moins d'impôts et nous savons que les Belges y sont sensibles », explique Waeytens. « Nous l'avons constaté lorsque des réductions d'impôts s'appliquaient aux mesures d'économie d'énergie. Ces avantages nous ont permis de bien survivre à la crise financière de 2008 à 2012, entre autres. Ce n'est que lorsque les mesures ont été systématiquement supprimées que le secteur de la construction s'est à nouveau retrouvé en difficulté. Aujourd'hui, d'autres facteurs entrent en jeu, tels que l'augmentation des prix des matériaux de construction, les taux hypothécaires et l'augmentation des frais de personnel. Les causes sont différentes de celles de la crise d'il y a 12 ans, mais les conséquences sont similaires. »
Nous espérons que les responsables politiques se rendront enfin compte que le secteur de la construction est malade. Le gouvernement peut attendre que notre secteur se vide de son sang ou débloquer le budget nécessaire pour le soutenir
Nécessité d'une action positive
Toutefois, ce n'est pas la première fois que Bouwunie fait cette proposition. « Nous avons déjà proposé l'avantage fiscal à plusieurs reprises et nous espérons que les responsables politiques se rendront enfin compte que le secteur de la construction est malade. Le gouvernement peut attendre que notre secteur se vide de son sang ou débloquer le budget nécessaire pour le soutenir. Je ne pense pas que le gouvernement souhaite que le secteur de la construction perde encore 10 000 à 15 000 travailleurs, pour les retrouver ensuite au chômage. Il convient d'introduire une mesure positive, qui garantisse que les constructeurs et les rénovateurs puissent réaliser les investissements nécessaires pour économiser davantage d'énergie et améliorer leur confort de vie. Nous espérons que le gouvernement verra la lumière à temps, car sinon le secteur de la construction va connaître un désastre », conclut le chef de Bouwunie Waeytens.