“20 % des murs creux non isolés d'habitations existantes dans notre pays présentent une épaisseur inférieure à 5 cm et sortent du cadre qualitatif requis. Mais pour ces habitations avec un creux mince, il y a moyen d'améliorer le rendement énergétique.” Laissons la parole à Nathan Van Den Bossche, docteur ingénieur-architecte et professeur à l'Université UGent de Gand. Il a réalisé une série d'études sur l'isolation du mur creux dont il nous dévoile les conclusions.
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1. Un creux mince peut aussi être rempli complètement
Comme en Flandre et à Bruxelles, vous bénéficiez en Wallonie d'une prime si vous confiez l'isolation de votre mur creux à un entrepreneur agréé. La différence c'est qu'en Flandre, votre mur creux doit être en bon état ét qu'il doit présenter une épaisseur minimale de 5 cm. Pourquoi a-t-on fixé la limite à 5 cm ? “Il y a deux raisons : pour réduire le risque d'infiltration d'eau de pluie (NDLR de l'extérieur vers la paroi intérieure au travers de l'isolant) et pour garantir une résistance suffisante à la chaleur.”
Pourtant Van Den Bossche et ses collègues chercheurs se sont posé la question de savoir si les coulisses plus étroites n'étaient pas exclues à tort du champ d'action. “En Belgique, il y a 5,1 millions d'habitations et appartements. Parmi ceux-ci, près de 2 millions ont un creux non isolé. 20 % de ces derniers présentent une coulisse de moins de 5 cm et sortent du cadre qualitatif existant pour la post-isolation. Avec une surface de mur moyenne de 80 m², il y a donc plus de 3 millions de m² de murs creux pour lesquels on ne peut pour ainsi dire rien faire.”
“Nous avons toutefois constaté que, même si les 3 cm d'isolant par exemple représentent peu, ils produisent quand même une amélioration notable des performances thermiques. Et que ces coulisses peuvent aussi être remplies complètement sans problème. Naturellement plus la coulisse est mince, plus le risque de ponts dus au mortier augmente, mais les résultats des tests ont révélé l'absence totale de grosse bulle d'air. De plus, nous sommes parvenus à injecter correctement tout type de matériau isolant dans la coulisse.”
Même 5 cm ne suffiront plus
Cependant, Nathan Van Den Bossche souligne que l'isolation de mur creux est l'ultime option pour post-isoler suffisamment votre habitation. “Par l'extérieur, il y a de multiples options pour isoler de manière optimale. Vous ne pouvez pas toucher à votre façade ? Dans ce cas, vous devez d'abord isoler par l'intérieur. Ce n'est pas non plus possible ? Il vous reste l'isolation de mur creux. Ou combinez celle-ci avec l'isolation intérieure ou extérieure.”
Même si selon Van Den Bossche, ce ne sera plus suffisant dans le futur. “Les exigences sont de plus en plus strictes. Une habitation que vous post-isolez aujourd'hui via le mur creux, même s'il fait 5 cm, devra certainement être à nouveau isolée dans les trente années à venir. Autrement dit, l'isolation de mur creux est un expédient qui à long terme ne sera pas suffisant. Cette technique est la seule option envisageable, même à long terme, lorsque les autres options - isolation intérieure ou extérieure - sont exclues en raison de valeur patrimoniale du bâtiment.”
2. Creux mince : risque d'humidité et de moisissure en cas d'utilisation d'EPS
Quid de l'infiltration d'eau de pluie ? Si de l'eau de pluie atteint régulièrement la paroi intérieure du mur creux, votre habitation risque de présenter des problèmes d'humidité et de moisissures. “À ce propos, nous avons constaté que tous les matériaux n'affichent pas les mêmes performances”, précise Van Den Bossche. “Lorsque nous avons post-isolé un creux de 3 cm au moyen de PUR, nous n'avons rencontré aucun problème. L'eau qui s'infiltre dans la laine minérale s'évacue systématiquement entre l'isolant et la brique de parement et donc l'eau n'est pas absorbée par la couche d'isolant.”
“Les billes EPS présentent quant à elles un risque réel d'infiltration d'eau, surtout s'il s'agit de très faibles épaisseurs de creux. Le phénomène est comparable à une pyramide de verres de champagne. Si vous remplissez le verre situé au sommet de la pyramide, le liquide s'écoule d'un verre à un autre. Il en va plus ou moins de même des billes EPS. Et ce jusqu'à une épaisseur d'isolant de 5 à 7 cm. Dans un creux à partir de 5 cm, le problème ne se pose toutefois pas : une petite quantité d'eau va s'évaporer, comme dans un creux non isolé.”
Votre maison est sensible à l'humidité ?
Vous envisagez d'isoler votre mur creux ? Décelez avant toute chose les éventuels problèmes d'humidité de votre habitation. Si vous découvrez de l'humidité, des moisissures, des dégâts dus au gel ou des ponts thermiques, vous ne pouvez pas purement et simplement remplir le creux. Les briques peintes ou émaillées présentent aussi des risques importants.
3. Quand la pratique dépasse la théorie
Ensuite, Van Den Bossche et ses collègues ont tenté de répondre à une série de questions générales. “Ainsi, nous avons testé la qualité de l'isolation de murs creux dans 23 bâtiments différents. Dans la plupart des cas, il y avait 5 à 7 cm d'isolant. Résultat surprenant : la valeur U était virtuellement supérieure aux prévisions théoriques. On peut donc dire que les valeurs calculées théoriques présentent une marge et que le système de qualité existant pour la post-isolation de murs creux est très efficace.”
4. Une isolation antérieure est compatible avec une isolation de mur creux
Enfin, les chercheurs ont examiné à la loupe une série de creux isolés existants. “Même avec un espace creux résiduel de 3 à 5 cm, renforcer l'isolation ne pose aucun problème. Au niveau des matériaux, vous n'avez aucune restriction, même après une averse de pluie. Et vous pouvez utiliser sans problème de l'EPS, même dans ce cas.”
