"Les technologies nécessaires sont déjà disponibles pour rendre le secteur du chauffage résidentiel entièrement durable. Les bâtiments éconergétiques avec une faible demande de chaleur sont une nécessité pour la réalisation d'un tel parc immobilier sans fossiles." A la parole est prof. Michel De Paepe, président de Pixii. Dans cet article d'opinion, il examine l'avenir de notre demande de chaleur et le rôle que jouent les poêles et cheminées.
L'esprit nostalgique
Le chauffage de nos bâtiments est-il l'un des principaux responsables des émissions de CO2 ? Oui. Faut-il donc d'abord réduire la demande d'énergie ? Absolument. L'énergie la moins polluante et la moins chère reste celle que vous n'utilisez pas. Et allons-nous chauffer nos bâtiments avec de l'énergie renouvelable ? Bien sûr que oui. Et un poêle ou un feu ouvert, ont-ils encore leur place dans ce mix énergétique ? Même si la lueur chaude de la combustion du bois peut rendre l'esprit nostalgique, je dis sans réserve « non » – même si c'est plutôt controversé.
Une solution technique pour chaque problème technique
Si l'isolation est comme un pull en laine chaud, l'étanchéité à l'air est un coupe-vent qui protège votre maison des vents froids et des courants d'air, et qui empêche la chaleur de disparaître par les fissures et les crevasses. Dans les maisons passives, les feux ouverts n'ont jamais été évidents de toute façon : non seulement en raison de l'étanchéité, mais aussi parce qu'ils émettent beaucoup trop de chaleur par rapport aux besoins très limités en chauffage.
La construction étanche à l'air – une exigence pour tous les bâtiments éconergétiques – est généralement très difficile à concilier avec un feu ouvert qui peut causer de grandes fuites d'air et aussi perturber complètement votre ventilation. Et oui, l'ingénieur en moi est convaincu que pour chaque problème technique, il existe une solution technique.
Source sous-estimée de particules fines
Mais que le confort limité ne soit pas le seul contre-argument, au contraire. Le scientifique en moi regarde les faits. Et il y a un problème évident avec la qualité de l'air dans le chauffage au bois. La plupart des émissions ne sont pas causées par la circulation, mais par la combustion du bois dans les feux ouverts et les poêles. La combustion du bois est une source importante et longtemps sous-estimée de particules fines directement émises, qui libèrent également de nombreuses autres substances cancérigènes telles que les HAP et les dioxines.
Les chiffres d'un rapport de la Vlaamse Milieumaatschappij en 2015 en disent long : la combustion du bois est la principale source de particules fines en Flandre, représentant 43% des émissions totales de PM2,5. Ce n'est pas pour rien que de plus en plus de villes ont une alerte combustion. Et oui, nous savons que les poêles à pellets sont beaucoup plus propres et efficaces et que les performances des appareils s'améliorent chaque année, mais que le confort limité et la mauvaise qualité de l'air ne sont pas les seuls contre-arguments.
Apprendre du passé et regarder vers l'avenir
Le mari, le père, l'être humain et même l'amateur de Metallica en moi apprend du passé et regarde vers l'avenir. En raison des énormes défis climatiques, l'économie – et certainement aussi le secteur de la construction – les politiciens, les universitaires, les jeunes ... se préparent à un avenir sans combustibles fossiles. Ils disparaissent forcément du marché immobilier, mais pas pour que le bois puisse combler le vide.
N'oubliez pas : il y a une pénurie de bois. De Standaard rapportait la semaine dernière encore que chaque année, huit fois la superficie de la Belgique est coupée, soit une augmentation de 43 pour cent par rapport à la période 2001-2013. En d'autres termes, le bois est un matériau de construction durable que nous ne devrions pas brûler. De plus, il n'y a tout simplement pas assez de bois pour ainsi chauffer tous les ménages. Et si la biomasse doit faire partie du mix énergétique du futur, il serait préférable de ne l'utiliser que de manière efficace et contrôlée par le biais des réseaux de chaleur.
Un parc immobilier sans fossiles
Parce que c'est à cela que ressemblera notre avenir : des maisons modernes dans des zones densément peuplées, chauffées par des réseaux électriques et thermiques. Cela n'est possible qu'en investissant dans différents domaines à la fois : une enveloppe de bâtiment performante, des réseaux de chaleur, des pompes à chaleur hybrides, des pompes à chaleur entièrement électriques, des chaudières solaires, la géothermie, la biomasse durable, un contrôle optimal, la gestion de la demande et la mise en tampon ... Les technologies nécessaires sont déjà disponibles pour rendre le secteur du chauffage résidentiel entièrement durable. Les bâtiments éconergétiques avec une faible demande de chaleur sont une nécessité pour la réalisation d'un tel parc immobilier sans fossiles.
Les poumons de la planète
Le gouvernement doit prévoir suffisamment de mesures d'accompagnement social pour rendre la transition faisable pour tous : après tout, le logement confortable et abordable est un droit fondamental. Et chaque euro investi dans ce projet permet non seulement de réduire considérablement l'empreinte carbone de la Belgique, mais aussi de créer plus d'emplois, d'augmenter le confort et la qualité de l'air intérieur dans ces bâtiments et même d'améliorer la productivité au bureau et les résultats des jeunes aux tests mathématiques et linguistiques.
Mais dans ce futur très proche, un feu ouvert me semble quelque chose du Moyen Âge : il offre un confort limité et n'est pas très sain. De plus, le bois est un bien précieux. Arrêtons d'écraser ... ou plutôt brûler.

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