Après la dénonciation par certains États fédéraux allemands du "dumping" des panneaux solaires chinois, une taxe à l'importation est fermement inscrite à l'ordre du jour politique. Cette mesure devrait permettre de mieux protéger le marché européen. Pourtant, des milliers d'entreprises européennes s'opposent à une telle mesure. La fédération sectorielle PV Vlaanderen a également réagi avec méfiance, craignant, entre autres, une augmentation des prix pour les consommateurs.
L'instauration d'une taxe européenne sur les importations de panneaux solaires n'est pas une nouveauté. En 2013, le commissaire européen de l'époque, Karel De Gucht, a imposé une taxe sur le dumping aux producteurs chinois. Cette mesure a pris fin cinq ans plus tard. Aujourd'hui, Wolfram Günther, ministre de l'énergie de l'État allemand de Saxe, reprend le flambeau. Il y a quelques mois, les prix des panneaux solaires et de leurs composants en provenance de Chine ont fortement baissé. De plus, la forte demande pendant la pandémie du coronavirus a créé une surcapacité, ce qui a encore fait baisser les prix. Le politicien a exprimé ses inquiétudes quant aux conditions de production, à la durabilité et à la circularité des panneaux. Par analogie avec une taxe à l'importation sur les voitures électriques chinoises, on pense aujourd'hui à une taxe sur les panneaux solaires chinois.
Pertes d'emplois
Les entreprises européennes du secteur de l'énergie solaire ne se réjouissent pas de ces mesures. Plusieurs centaines d'entreprises et de fédérations ont publié une déclaration commune contre les barrières commerciales. Ils craignent une menace pour l'emploi européen et la mise en péril de 600 000 postes de travail. C'est ce que rapporte le magazine Solar.
La fédération sectorielle belge PV Vlaanderen partage ce point de vue. « Nous ne voyons aucune raison d'imposer des taxes à l'importation. Nous devrions nous concentrer sur la relance de la production européenne », indique-t-elle. PV Vlaanderen se réfère à son texte d'orientation. Dans le cadre du Green Deal de l'UE, elle préconise une moindre dépendance à l'égard des matières premières chinoises et une augmentation de la production de ses propres cellules et onduleurs, combinée à des ambitions élevées en matière de recyclage.
Seulement 3 % d'autosuffisance
L'organisation de coordination européenne a indiqué précédemment que l'Europe ne peut actuellement produire que 3 % des panneaux solaires installés annuellement par elle-même. Dirk Van Evercooren de PV Vlaanderen estime à 90 % la représentation des panneaux asiatiques sur le marché belge. La fédération sectorielle ne voit pas de différence fondamentale de qualité entre les deux continents, mais souligne l'utilisation de technologies différentes.
Effet de prix
Il semble donc que l'Union européenne continuera de dépendre des approvisionnements en provenance de Chine pour atteindre ses objectifs en matière de climat. De plus, les experts craignent que les barrières commerciales ne fassent grimper les prix. « Nous nous attendons à un impact sur le prix. Les mesures de protection antérieures ont également entraîné une augmentation des coûts pour les clients et les consommateurs », conclut Dirk Van Evercooren.
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