L’étanchéité à l’air garantit que l’air intérieur ne s’échappe pas et que l’air extérieur ne s’infiltre pas dans la construction. Dans une maison ancienne, les défauts d’étanchéité à l’air équivalent à l’ouverture permanente d’une fenêtre, hiver comme été. Il est donc indispensable de se préoccuper de l’étanchéité à l’air lorsqu’on améliore l’isolation d’une maison existante.
1. Intervention en toiture
En rénovation, le propriétaire commence le plus souvent par s’occuper de la toiture, pour l’isoler et résoudre d’éventuels problèmes d’infiltration d’eau. Les grandes faiblesses de l’étanchéité à l’air de la toiture sont les raccords « mur-toiture ». Il est indispensable que la membrane pare-vapeur (posée du côté intérieur de l’isolation et destinée à éviter la détérioration de cette dernière par la vapeur d’eau présente à l’intérieur du bâtiment) se prolonge contre les murs, qu’elle y soit collée et « noyée » ensuite dans le plafonnage. En l’absence de plafonnage, des bandes adhésives ad hoc seront utilisées pour assurer la jonction entre le pare-vapeur et la maçonnerie. La qualité d’exécution de ce raccord est essentielle.
Une autre difficulté majeure réside dans la présence de fermes de charpente, de conduits de cheminée, de fenêtres de toiture, qui obligent à créer des ouvertures dans le pare-vapeur et rendent l’opération d’étanchéité à l’air plus compliquée. En pratique, chaque élément traversant doit être traité par l’application soignée de bandes de raccord collées en continu pour éviter toute fuite d’air.
Autre précaution qui peut paraître dérisoire mais qui a toute son importance : il faut veiller à limiter les percements de la membrane pare-vapeur pour le passage de câbles électriques ou de gaines de ventilation. Toute perforation inévitable doit être soigneusement rendue étanche à l’air sur son périmètre par une bande adhésive ou une pâte appropriée.
Conseil : Un test d’infiltrométrie offre un bon aperçu des zones à traiter.
2. Remplacement des fenêtres
De par la qualité de leur fabrication, les châssis actuels disposent d’une excellente isolation thermique et d’une étanchéité à l’air performante. Mais c’est le soin apporté à la jonction de la fenêtre au gros œuvre qui déterminera la performance d’étanchéité finale de la fenêtre. À l’instar de la toiture, les raccords avec les parois du bâtiment constituent à nouveau le point d’attention le plus délicat. Ils doivent être conçus et exécutés de façon à assurer une parfaite continuité de l’étanchéité à l’air.
Un petit mot d'explication : en usine les châssis sont munis d’une bande d’étanchéité collée sur le cadre dormant ; cette bande sera noyée sur chantier dans une masse étanche à l’air (plafonnage traditionnel, colle ou produit d’étanchéité liquide appliqué à la brosse). La solution habituelle consiste à poser une fine couche d’enduit de collage sur l’embrasure du mur, à y appliquer la membrane avec soin — c’est-à-dire en continu et sans plis inutiles — et à la recouvrir d’une couche de plafonnage. L’étanchéité à l’air doit être assurée sur tout le pourtour du châssis, y compris sous la tablette de fenêtre, trop souvent oubliée.
Les portes d’entrée sont également concernées. Contrairement aux fenêtres, elles ne disposent pas d’un cadre inférieur fixe. La brosse ou le joint caoutchouc mobile qui les équipe parfois n’est pas étanche à l’air. Bien que ce ne soit pas encore fréquent, nous conseillons la pose d’un seuil dit « suisse », qui présente un relief de quelques millimètres à deux centimètres, destiné à créer une battée. Le vantail est alors équipé en partie basse d’un joint souple préformé qui s’écrase à la fermeture de la porte et assure ainsi l’étanchéité à l’air.
3. Post-isolation des murs
La post-isolation des murs peut se faire par l’extérieur ou par l’intérieur (et, dans une moindre mesure, dans l’épaisseur de la coulisse du mur creux), chaque méthode ayant ses avantages et ses inconvénients. L’isolation par l’extérieur est techniquement la meilleure.
Par l’extérieur
L’étanchéité à l’air se fait en assurant soigneusement la jonction des panneaux isolants et en recouvrant tous les joints à l’aide de bandes d’étanchéité. À l’exception du verre cellulaire, aucun type de panneau isolant n’est parfaitement étanche à l’air, et certainement pas les matériaux à base de laine (laine minérale, laine de mouton…) ou de fibre (fibre de bois, chanvre…). Il faut alors compléter le dispositif par la pose préalable d’une membrane d’étanchéité à l’air continue sur la paroi existante, avant l’isolation.
Par l’intérieur
L’isolation par l’intérieur est souvent privilégiée pour des raisons de simplicité apparente (facilité d’exécution, possibilité de travailler pièce par pièce et d’étaler les dépenses dans le temps, et.) Ces atouts doivent néanmoins être mis en regard de nombreux inconvénients. Non seulement les locaux sont indisponibles le temps des travaux, mais l’isolation par l’intérieur entraîne aussi certains travaux connexes qui peuvent s’avérer lourds, comme le déplacement des radiateurs et la modification de canalisations ou d’installations électriques. En se limitant à l’aspect de l’étanchéité à l’air, il faut considérer que toutes les parois doivent être étanches, y compris les murs de refend (murs porteurs intérieurs) sur une distance de 1 mètre à partir des façades. Les embrasures de porte présentes dans cette zone doivent être plafonnées, et les prises et interrupteurs munis de blochets étanches.
L’étanchéité à l’air d’une paroi maçonnée s’obtient facilement à l’aide d’un enduit de plâtre ou équivalent (Mortex, enduit d’argile…). Sachez qu’un mur de maçonnerie laissé brut ou simplement peint n’est jamais étanche à l’air. Une construction à ossature bois ou acier demande la pose d’une membrane continue telle que celle posée en toiture.
À l’instar des éléments de charpente, les gîtages de plancher doivent être rendus étanches à l’air à chaque point de pénétration dans les maçonneries de façade. Lorsque la façade est isolée par l’intérieur, chaque extrémité de poutre est un point de condensation de vapeur d’eau. Ces points de pénétration constituent aussi des ponts thermiques dans l’isolation. Pour pallier ce problème dans les rénovations ambitieuses, on peut scier les gîtages à distance de la façade et les reprendre sur une nouvelle poutrelle de structure posée parallèlement à la façade.
Conclusion
L’étanchéité à l’air n’est pas une option secondaire à l’isolation. Elle fait partie de la même réflexion d’efficacité énergétique et de confort. L’une ne va pas sans l’autre. Le principe est finalement assez simple : sur un schéma de votre habitation, l’étanchéité à l’air doit pouvoir être visualisée par un trait de crayon continu. C’est le temps consacré à identifier les jonctions et raccords et le soin apporté à l’exécution du travail qui garantissent la qualité du résultat.
Les parois intérieures aussi
On l’oublie souvent, mais les principes d’isolation et d’étanchéité à l’air s’appliquent non seulement aux parois extérieures mais aussi aux parois intérieures qui séparent le volume protégé des espaces non chauffés. Les caves, greniers et autres locaux de service peuvent être traités de deux manières : soit on les considère comme des pièces de vie et on soigne l’isolation et l’étanchéité à l’air de leurs parois extérieures, soit on les considère comme des espaces non chauffés et on applique les mêmes principes sur les parois de séparation avec le volume protégé (lire l’article paru à ce sujet dans notre magazine de septembre).
Sachez que ce choix n’est pas anodin et a des conséquences sur la ventilation des locaux en question. Il faut s’assurer qu’une ventilation permanente n’est pas nécessaire car un vide ventilé, une chaufferie (pourvue d’une chaudière atmosphérique) ou un grenier non isolé doivent rester ventilés.

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