Lorsque des travaux de rénovation visent à amener plus de lumière naturelle et/ou à créer de grands espaces ouverts, la solution consiste le plus souvent à abattre un ou plusieurs murs. Mais avant de dégainer le marteau piqueur, il est indispensable de dresser un plan précis de tous les murs porteurs. On n’abat pas un mur comme ça ! Voici comment procéder en toute sécurité.
Définir les murs porteurs
La première étape consiste à distinguer ces murs structurels des autres. Dans l’ensemble de la maison, de quels murs s’agit-il ? Ils se répartissent en trois catégories :
- les murs de soubassement : directement érigés sur les fondations, ces murs servent de support aux murs de façade et aux murs de refend.
- les murs de façade : comme leur nom l’indique, il s’agit des murs qui entourent le bâtiment, et qui supportent en tout ou en partie la toiture et les planchers intermédiaires.
- les murs de refend : situés à l’intérieur de l’habitation, ces murs porteurs contribuent à la stabilité horizontale et verticale du bâtiment, et permettent de diviser l’espace intérieur en différentes pièces.
Il est donc fréquent, en rénovation, d’intervenir sur un ou plusieurs de ces murs.
Une question de charges
Les murs porteurs jouent un rôle essentiel dans la stabilité du bâtiment. Ils sont précisément calculés pour pouvoir supporter les charges du bâtiment. Il y a deux grands types de charges : les charges permanentes (qui correspondent au poids des composants du bâtiment, porteurs et non porteurs) et les charges variables (le vent, la neige, la poussée des terres, les occupants, le mobilier…).
Si l’organisation des espaces change, ce calcul (le calcul de descente de charge dans le jargon, ndlr.) devra être refait Il faut dès lors nécessairement faire appel à un architecte ou un ingénieur pour concevoir les solutions spatiales et techniques adéquates.
Une intervention qui a ses limites
Dans de bonnes conditions d’intervention, les possibilités de transformation des murs porteurs sont nombreuses. Les percements peuvent se faire sur toute la longueur du mur ou sur une partie seulement, sur toute sa hauteur ou uniquement dans le haut ou le bas, de forme carrée, rectangulaire ou circulaire… Ces ouvertures peuvent par ailleurs rester libres, pour faciliter la circulation, optimiser le passage de la lumière ou agrandir les espaces, ou accueillir de nouveaux aménagements, plus légers, comme du mobilier, une porte, un claustra ou une fenêtre intérieure.
Les seules limites aux percements sont liées à ce fameux calcul de descente de charge. L’objectif est de remplacer la fonction portante du mur à démolir par d’autres types d’éléments porteurs. De façon générale, plus l’ouverture est grande ou complexe, plus les nouveaux éléments de stabilité seront importants. L’ingénieur prescrira, selon le projet, différents postes comme des colonnes, des poutres, des linteaux, des tirants métalliques ou encore de nouveaux éléments de mur.
Le choix de la structure
Côté matériaux, les options varient entre le bois, le métal et le béton. L’architecte et le propriétaire peuvent préférer un matériau particulier pour une raison précise, technique ou esthétique. L’ingénieur, lui, validera la faisabilité de ce choix par rapport à la stabilité de l’ensemble du bâti.
Bon à savoir : pour offrir la même force de support, les dimensions des pièces en bois doivent être plus grandes que celles en métal.
Selon le choix esthétique souhaité, ces nouveaux composants de l’aménagement peuvent être laissés apparents (bruts ou peints), mais peuvent aussi être dissimulés par des caissons ou intégrés dans du mobilier…
Dans la pratique
Déterminez préalablement l’emplacement de l’ouverture et faites réaliser un calcul de stabilité par un ingénieur. Le percement se réalise selon les étapes principales suivantes :
- Pose des étançons pour soutenir temporairement le poids soutenu par le mur porteur à démolir
- Création de la réservation destinée à recevoir la poutrelle ou le linteau
- Placement de la poutrelle ou du linteau qui surmontera la nouvelle baie
- Percement de la baie et ragréage des piédroits
- Retrait des étançons
- Réalisation des réparations périphériques et finitions
Travailler sur un mur porteur nécessite donc une minutieuse préparation. Sans précautions et sans calculs précis, les risques sont nombreux : les planchers peuvent s'affaisser, les fenêtres se déformer, la maçonnerie s’effondrer ou la structure perdre sa stabilité ! Dans tous les cas, faites appel à un professionnel.
Côté administration ?
Création d’une baie, suppression d’une partie de mur, agrandissement d’une fenêtre… Quelle que soit la modification apportée à un mur porteur, qu’il soit intérieur ou extérieur, cette intervention exige l’introduction d’une demande de permis d’urbanisme.