Le rapport de prix entre chauffage à l'électricité et combustibles fossiles reste élevé dans notre pays. Cela complique la transition énergétique, car les méthodes de chauffage durables, telles que les pompes à chaleur, restent moins rentables. « La Belgique est à la traîne par rapport au reste de l'Europe », déclare Jozefien Vanbecelaere, de l'European Heat Pump Association.
L'Europe veut jouer un rôle de pionnière dans la transition vers une énergie durable, en éliminant progressivement les combustibles fossiles. Dans toute l'Europe, y compris en Belgique, les ventes de pompes à chaleur sont en plein essor. En 2018, environ 17 000 pompes à chaleur ont été vendues dans notre pays. En 2020, ce chiffre a atteint 21 600, et 60 000 en 2023.
« En 2023 en particulier, nous avons constaté une forte augmentation par rapport à 2021, et pas seulement en Belgique. Avec l'invasion russe de l'Ukraine et la crise énergétique qui s'en est suivie, le public est devenu plus conscient de sa consommation de gaz et des alternatives possibles », explique Jozefien Vanbecelaere, Head of EU Affairs à l'European Heat Pump Association (EHPA), le plus grand représentant du secteur européen des pompes à chaleur et de son écosystème.
Retard belge
Malgré l'augmentation spectaculaire des chiffres, la Belgique ne figure pas parmi les meilleurs en termes de déploiement de pompes à chaleur. Au contraire, notre pays se trouve en queue de peloton européen. Selon les chiffres de l'EHPA, 12 pompes à chaleur sont installées pour mille ménages en Belgique. Les pays scandinaves sont en tête. En Finlande, par exemple, il y a 69 pompes à chaleur pour mille ménages.
Selon Vanbecelaere, plusieurs raisons expliquent ce retard. « La Belgique dispose d'un réseau gazier étendu, avec de nombreux fournisseurs. Ce n'est pas le cas dans les pays scandinaves, et les gens y sont donc plus enclins à chercher des solutions alternatives. De plus, le chauffage par pompe à chaleur n'est pas intéressant d'un point de vue économique pour les ménages belges aujourd'hui, en raison de la trop grande différence entre le prix de l'électricité et celui du gaz. »
Rapport de prix déséquilibré
« Pour que le chauffage durable devienne intéressant d'un point de vue économique, il faut ajuster ce rapport de prix. En Belgique, l'électricité est 3,8 fois plus chère que le gaz. Pour que les pompes à chaleur soient intéressantes d'un point de vue financier, ce rapport doit se rapprocher du 2. Les coûts d'investissement restent les mêmes, mais les coûts de consommation seront beaucoup plus bas car une pompe à chaleur est trois à cinq fois plus efficace qu'une chaudière. Cela permet de récupérer plus rapidement son investissement. Si la facture d'électricité est beaucoup plus élevée que la facture de gaz, cet avantage disparaît. »
Avec un rapport de prix de 3,8, la Belgique est le plus mauvais élève de la classe européenne. Là encore, il faut regarder vers le nord, dans les pays scandinaves, pour constater un bien meilleur rapport de prix. Mais la France s'en sort mieux aussi. Les Pays-Bas sont en tête, avec un rapport de prix de 1,9.
Mauvaise répartition des charges
Comment expliquer cette différence majeure avec nos voisins du nord ? Essentiellement à cause des nombreuses taxes et redevances qui pèsent sur notre facture d'électricité. En Flandre, les obligations de service public représentent une part importante de la facture : en moyenne 25 %, alors qu'elles ne représentent que 2 % pour les factures de gaz naturel. C'est ce qui ressort des chiffres de la VREG. Il s'agit principalement du coût des certificats verts, mais aussi des primes pour les pompes à chaleur, de l'aide aux clients socialement vulnérables, des investissements dans les stations de recharge, etc.
Tous les investissements pour une transition verte sont donc à la charge de ceux qui optent pour un chauffage durable avec une pompe à chaleur. « Plus vous utilisez d'énergie verte, plus vous payez cher dans notre pays. Ce n'est pas juste et cela donne un signal contraire. » C'est pourquoi Vanbecelaere et l'EHPA plaident en faveur d'un transfert des charges de la facture d'électricité vers le budget général des pouvoirs publics ou vers la facture des combustibles fossiles. « Cela devrait se faire par étapes et avec des mesures de protection pour les personnes financièrement vulnérables. »
Volonté politique
Une taxe sur le carbone pourrait également contribuer à ce transfert des charges. « C'est déjà le cas en Suède, par exemple. À partir de 2027, l'Europe imposera également une charge sur le chauffage fossile par le biais d'un système d'échange de quotas d'émission (ETS). Cette obligation sera imposée par l'intermédiaire des fournisseurs de carburant. En Belgique, l'utilisation des combustibles fossiles est encore largement subventionnée, à hauteur de 13 milliards d'euros par an. Cela va bien au-delà du chauffage. »
Enfin, comment Vanbecelaere évalue-t-elle l'avenir en termes de déploiement des pompes à chaleur ? « La tendance est claire : nous nous éloignons des combustibles fossiles. Au niveau européen, il a été décidé d'éliminer progressivement les chaudières fossiles d'ici 2040. Sur certains points, les objectifs de la Flandre et de la Belgique ne sont pas assez ambitieux et il y a un manque de volonté politique pour réaliser le transfert des charges. Cela donnerait également plus de clarté au marché. »

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