Régime énergétique : « Comment reconnaître une maison mal isolée et réduire vos coûts énergétiques ? »

Des dizaines de paramètres énergivores augmentent votre consommation d’énergie. Le plus souvent, sans que vous vous en rendiez compte. Avec, en point d’orgue, le manque d’isolation. Paul De Vylder, expert en énergie chez ENGIE, nous explique comment reconnaître une maison mal isolée et comment réduire au maximum les coûts énergétiques.

Le parent pauvre européen

Personne n’aime autant la ‘brique’ que nous, les Belges. Toutefois, une grande partie des maisons de notre pays sont considérablement désuètes. En d’autres termes, elles ne sont que peu ou prou isolées. « Cela s’applique certainement aux maisons d’avant 1980. Ce n’est qu’en 1990 que nous avons commencé à mieux isoler nos maisons, mais ce n’était pas systématique », note Paul De Vylder.

« Saviez-vous que, en moyenne, le Belge utilise 43 % d’énergie en plus par mètre carré que l’Européen ? La meilleure manière de nous refaire une réputation est d’investir dans l’isolation », poursuit-il. « Un investissement qui s’amortit, en moyenne, en quatre ans, sans tenir compte des primes. Dès ce moment-là, vous ne pouvez qu’être gagnant. »

Comment reconnaît-on une mauvaise isolation dans les habitations anciennes ?

Supposons que vous achetez une vieille maison et que vous allez la rénover. Comment vérifier qu’il y a suffisamment d’isolation sous le toit, dans les murs et sous vos sols ? Paul De Vylder établit six facteurs qui indiquent clairement des soucis d’isolation.

1. Les murs intérieurs et les fenêtres sont chauds en été, mais froids en hiver.
2. Les pièces se refroidissent rapidement lorsque vous éteignez le chauffage. 
3. Il faut beaucoup de temps pour réchauffer une pièce jusqu’à la température souhaitée dès qu’il fait froid à l’extérieur. 
4. Les fenêtres présentent souvent de la condensation à l’intérieur. 
5. Des taches d’humidité ou de moisissure sur vos murs indiquent souvent des problèmes d’isolation (ponts thermiques). Quelles sont les solutions préconisées pour les problèmes d’humidité ? 
6. Un flux d’air froid se faire ressentir près des fenêtres et portes. « Vous pouvez faire le test en tenant une bougie à proximité des menuiseries extérieures. Si la flamme s’évase, c’est qu’il y a un courant d’air. »

Quelle est la meilleure séquence pour isoler ?

L’isolation de l’enveloppe de votre bâtiment est primordiale pour tuer dans l’œuf toute forme de pertes calorifères. « Vous pouvez économiser jusqu’à 30 % de votre facture énergétique si vous isolez complètement votre maison », souligne Paul De Vylder. Dans quel ordre devez-vous faire les choses ? En d’autres termes, où perdez-vous le plus de chaleur ?

• Le toit : La chaleur monte, c’est de la physique pure. En isolant votre toit ou le plancher de votre grenier, vous évitez que 30 % de la chaleur ne s’échappe de votre maison.
• Les murs : Les murs non isolés sont responsables de 20 à 25 % des pertes de chaleur. Heureusement, il existe plusieurs façons de s’attaquer efficacement au problème. Via votre mur creux, via votre mur extérieur ou via votre mur intérieur.
• Les sols et fenêtres : « En s’attaquant aux sols du rez-de-chaussée, vous diminuez de 10 % les pertes de chaleur. Cela vous permet de réduire votre chauffage de 3°C. Des menuiseries extérieures solides (au moins du double vitrage) conservent 15 % de la chaleur à l’intérieur.
• Les 20 % restants de toute la chaleur domestique s’échappent par les fissures et les ponts thermiques dans l’enveloppe du bâtiment. Vous pouvez résoudre ce problème en rendant votre maison aussi étanche que possible.

Les interventions reprises ci-dessus font la plus grande différence sur votre facture énergétique. Selon Paul De Vylder, il existe encore de petits conseils d’économie d’énergie qui vous permettent de conserver la chaleur à l’intérieur. « Vous pouvez mettre des bandes isolantes sous les portes en contact avec l’extérieur ou vous séparant de pièces plus froides. Fermez votre cheminée quand vous ne faites pas de feu. Vérifiez les joints autour des portes et des fenêtres et apportez-y les réparations nécessaires. Placez vos radiateurs uniquement à proximité d’éléments de construction isolés ou placez des films derrière vos radiateurs. Isolez vos tuyaux de chauffage … »

Pourquoi est-il important de ventiler après l'isolation ?

Les vieilles maisons, faiblement isolées, sont pleines de crevasses et de fissures. Ce n’est pas bon pour vos frais de fonctionnement, mais cela apporte une ventilation naturelle. Une fois votre isolation effectuée et l’étanchéité établie, il n’est plus question de ventilation. Cela signifie, par exemple, que les odeurs de cuisson, mais aussi l’humidité, le dioxyde de carbone et les résidus de produits d’entretien et les émanations des matériaux de construction restent dans votre maison. Même la respiration contribue à la pollution de l’air intérieur », explique Paul De Vylder. « Vous augmentez la capacité de croissance fongique et le risque de problèmes de santé est accru. Et ce risque est considérable, surtout quand nous savons que nous passons entre 55 et 80 % de notre temps entre quatre murs. » 

Vous pouvez ventiler de deux manières :

• Naturellement : « Même s’il fait froid et pluvieux, l’air extérieur est plus sec que l’air intérieur. Ouvrir les fenêtres 10 à 15 minutes, deux fois par jour, apportera suffisamment d’air frais. Inconvénient : cela ne se fait pas de manière contrôlée et, les jours les plus froids, il faut redoubler de chauffage. »
• Contrôlé : « Cela se fait au moyen de systèmes dits C (alimentation naturelle, retour mécanique) ou D (alimentation et retour mécaniques) qui ventilent votre maison de manière constante. Dans le cas de système D, la chaleur de l’air intérieur est même récupérée. Cela a des conséquences positives sur votre facture énergétique. »