Sous ses airs de petite maison de ville, elle cache bien son jeu. Achetée à l’état de ruine – un choix délibéré des maîtres d’ouvrage, tous deux architectes –, la maison s’est métamorphosée en un lieu de vie contemporain, aérien et inondé de lumière. Déjà présente à l’origine, la verticalité a été exploitée à pleine puissance.
Si Adrien et Amandine ont craqué pour cette petite maison sur le point de tomber en ruines, c’est parce qu’ils ont directement perçu son potentiel. De plus, elle correspondait exactement à leur projet : tout imaginer à partir d’un bâti existant. « Cette situation nous permettait de dessiner la maison de nos rêves… à partir de contraintes qui ont en réalité été une opportunité idéale pour la mise en œuvre d’un projet singulier. »
Démolition et construction en alternance
À l’intérieur, seul un mur existant reste aujourd’hui debout. Tous les autres murs et les planchers devaient disparaître. Afin d’assurer la stabilité de l’habitation, le choix de travailler par phases alternant les travaux de démolition et de construction a rapidement été pris.
D’autant plus que le couple avait décidé de creuser au niveau de l’ancienne cave (avec accès vers le jardin) pour isoler le sol et renforcer les fondations, et d’ouvrir la façade arrière sur plus de 7 mètres de hauteur pour organiser la maison face au jardin plein sud.
L’ossature en métal, élément d’architecture
Assurant le rôle de renfort, certaines poutres métalliques sont restées apparentes. C’est particulièrement visible depuis la salle à manger, lorsqu’on lève les yeux sur la mezzanine en surplomb. Les cages d’escalier, travaillées à base de grillage métallique soudé et laqué, répondent à l’appel en prolongeant le style « métal ». Cet aspect contemporain est encore plus léger et lumineux grâce à l’utilisation du blanc.
Une belle surface
L’important dénivelé entre la porte d’entrée à rue et le jardin représentait une contrainte. C’est pour cette raison qu’une fois la porte franchie, une volée de marches descend vers le cœur de la maison, au niveau des anciennes caves. Celles-ci ont été agrandies et forment un nouvel espace où siègent la cuisine et le séjour. Une terrasse en bois prolonge la scène, créant l’ouverture recherchée vers l’extérieur. Cette terrasse surplombe à son tour le jardin. Une configuration surprenante, qui casse les codes habituels.
De la légèreté
Qu’il s’agisse des volées d’escaliers (six au total), de la mezzanine, de la cuisine en esprit « bar » ou des différents niveaux clairement identifiables, une impression de légèreté se dégage de l’ensemble. La blancheur prédominante est parsemée de touches de bois pour une ambiance plus chaleureuse : marches d’escalier, plafond de la salle à manger et sol de la mezzanine. Le duo blanc-bois illumine les pièces de vie et offre une belle sensation d’espace.
Le soleil comme source de chauffage
L’orientation plein sud de la façade arrière, côté jardin, est un atout. Jadis déconnectées du jardin, les principales pièces de la maison sont aujourd’hui tournées vers la terrasse et le soleil. Les deux baies vitrées surdimensionnées apportent de la chaleur à l’intérieur, en particulier dans la cuisine, la salle à manger et le bureau-mezzanine qui en profitent pleinement. En été, un ombrage naturel s’invite dans la maison grâce au gabarit des constructions voisines, plus profondes. Et lorsque le soleil est trop envahissant, il suffit d’abaisser légèrement le screen extérieur.
Climatisation naturelle
À la recherche de systèmes ingénieux, l’architecte a mis en place une méthode simple de rafraîchissement naturel. Si les degrés montent un peu trop dans la maison, il crée un courant d’air en utilisant la cage d’escalier comme une cheminée. En ouvrant simplement une fenêtre tout en haut, un phénomène d’aspiration de l’air chaud se crée, et le trop-plein de chaleur s’échappe rapidement vers les derniers étages de l’habitation. Le choix d’escaliers à claire-voie n’était donc pas uniquement esthétique… Il favorise la circulation de l’air dans la maison.
Isolation intérieure et extérieure
La façade avant est orientée au nord. À l’inverse de la façade arrière, isolée par l’extérieur et recouverte d’un enduit, son isolation a dû se faire par l’intérieur pour des raisons urbanistiques (ne pas empiéter sur l’espace public). L’architecte a opté pour une épaisseur de 10 cm de laine minérale : « En rénovation, une isolation plus importante peut poser des problèmes de condensation. »
S’inscrire dans la durabilité
Choix de la rénovation plutôt que construction d’un bien neuf, optimisation de la consommation d’énergie pour le chauffage, philosophie de vie. Pour ces deux architectes, la démarche écologique était une évidence. « Grâce à notre situation à deux pas du centre-ville où tout est disponible, nous avons limité considérablement l’utilisation de la voiture pour favoriser nos déplacements à pied. » À cela s’ajoutent les nombreux avantages d’une maison mitoyenne : limitation de l’utilisation de matériaux pour la construction, isolation naturelle assurée par les maisons voisines…
Plus haut
La verticalité de ce projet de rénovation, liée à la configuration du bâtiment, a été conservée et exploitée. Cela s’illustre particulièrement dans la double baie vitrée placée en hauteur sur la façade arrière (qui donne l’impression de former un seul élément) et la structuration de l’espace intérieur (nombreux escaliers). Avec sept niveaux au lieu de trois avant le chantier, la maison d’Adrien et Amandine propose une lecture de l’espace différente. En dépit d’une grande ouverture, chaque niveau a sa propre ambiance. Dans la pièce la plus haute, un simple regard vers l’extérieur le confirme : au-dessus de la mêlée… une vue imprenable sur le quartier de la Grand-Place et la collégiale.
Réalisation : APAD architecture - www.apad-architecture.com
Photos : Laurent Brandajs