Une famille de trois personnes consomme en moyenne 90 m3 d’eau de ville par an, ce qui lui coûte quelque 500 euros… alors que l’eau tombe littéralement du ciel, gratuitement et en abondance. Comment collecter et stocker cette eau pour ensuite la réutiliser dans la maison ? Et comment fonctionne une installation de récupération de l’eau de pluie ?
De quoi se compose une installation ?
Une installation de récupération de l’eau de pluie est plus complexe que la simple combinaison d’un puits ou d’une citerne et d’un robinet. Pour que l’eau de pluie destinée aux usages domestiques soit de bonne qualité, elle doit suivre tout un parcours. Qui commence sur le toit.
1. Captation
Les matériaux de couverture les plus courants (tuiles en terre cuite ou en béton, ardoises naturelles, zinc, acier inoxydable et verre) s’y prêtent bien. Les corniches et gouttières en zinc, acier inoxydable, acier galvanisé, PVC et autres matières synthétiques également. À l’inverse, les toitures recouvertes de cuivre, de plomb ou d’aluminium sont à éviter, étant donné que ces matériaux se dissolvent dans l’eau et sont toxiques pour l’homme. Les couvertures en bois sont, elles aussi, déconseillées, car la dissolution des huiles de traitement colore l’eau de pluie.
Sur les toits plats aussi, on perd davantage d’eau en raison de la stagnation (formation de flaques) et l’évaporation. Les membranes bitumineuses peuvent par ailleurs transmettre à l’eau une odeur et une coloration, mais aussi libérer dans l’eau des hydrocarbures toxiques. Certaines membranes d’étanchéité synthétiques (EPDM, PVC, TPO…) ne modifieraient cependant pas les propriétés de l’eau de pluie.
2. Préfiltration
Afin de garantir la qualité de l’eau captée, il faut éviter que des matières et impuretés viennent polluer la citerne. Pour que l’eau n’entraîne pas ces matières organiques (feuilles, rameaux, oiseaux morts…), on peut placer des grilles et crépines dans les corniches et à l’entrée, voire à la sortie, des gouttières. Entre l’évacuation et la citerne, on peut également prévoir un système de filtration, comme des préfiltres à sable ou à charbon, des filtres tourbillonnaires, des filtres en ligne, des filtres à rejet alternatif… Parmi ces dispositifs, certains sont autonettoyants, même si un contrôle régulier et un nettoyage éventuel restent conseillés pour assurer leur bon fonctionnement.
3. Stockage
Une citerne enterrée en béton est idéale pour le stockage de l’eau de pluie. Malgré l’utilisation de crépines et de filtres en amont de la citerne, de petites impuretés se retrouvent malgré tout dans la cuve, finissant par y former un dépôt boueux. Il est donc important de pouvoir nettoyer de temps en temps la cuve. Selon la situation (environnement boisé, par exemple), la fréquence de ce nettoyage pourra varier.
4. Pompage
Pour utiliser l’eau de pluie, il faut la pomper, ce qui implique l’installation d’un système de pompage. Par exemple, un groupe hydrophore placé dans la cave ou une pompe immergée dans la cuve elle-même. Un flotteur fait en sorte que l’eau soit aspirée une dizaine de centimètres sous la surface.
5. Post-filtration
Une filtration fine est prévue en aval de la pompe, afin d’éliminer les plus petites impuretés. Pour la plupart des utilisations, on peut se contenter de la combinaison d’un filtre (lavable) à sédiments de 50 ou 25 microns et d’un filtre à particules d’une perméabilité de 10 microns.
Il existe également un système au charbon actif avec une perméabilité de 5 microns — qui neutralise odeur et couleur, ce qui conseillé si vous utilisez l’eau de pluie dans la machine à laver et les toilettes —, et même des filtres céramiques d’une finesse dépassant le micron, allant jusqu’à retenir les bactéries. Étant donné la très petite taille des ouvertures de ces filtres, le débit est beaucoup plus faible. Dans certains cas, l’osmose inverse peut aussi être une solution.
Volume de la citerne
Un volume de 5 000 litres couvre en principe les besoins d’une famille de quatre personnes, pour les toilettes et la machine à laver. Si l’on y ajoute le nettoyage, l’arrosage du jardin, le lavage de la voiture, etc., une capacité de 6 000 litres semble alors plus indiquée. Si l’on prend en compte les changements climatiques – de fortes précipitations sur peu de temps et de plus longues périodes de sécheresse –, il peut être intéressant d’augmenter cette capacité.
Bon à savoir : Coût d’une installation
Le coût d’une installation dépend évidemment de sa composition exacte. Voici une idée de ce que coûtent les différents postes pris séparément :
- citerne d’eau de pluie en béton : 750 à 1 400 euros (selon la capacité)
- préfiltre : 250 à 350 euros
- groupe de pompage : 500 à 750 euros
- commutateur (basculement automatique eau de pluie/eau de ville) : 1 500 à 2 000 euros
- système de post-filtration : 200 à 250 euros